Pourquoi Urbain V mérite sa canonisation

 

Pourquoi Urbain V mérite sa canonisation





L’histoire de Urbain V commence sous le soleil du Gévaudan : né Guillaume de Grimoard en 1310 au château de Grisac (Lozère)newadvent.org, il grandit parmi les chênes et les oliviers du Languedoc. Destiné aux belles-lettres et au droit, il étudie à Montpellier et Toulouse, puis se fait bénédictin au monastère du Saint-Sauveur à Chirac (affilié à Saint-Victor de Marseille)tribunechretienne.com. Dès son jeune âge, il se distingue par sa piété fervente et son amour de la Règle : il voue une dévotion filiale à la Vierge Marie, observe scrupuleusement les jeûnes et prend goût à la vie monastiquerdb.mgtribunechretienne.com. D’abord professeur de droit canon à Toulouse et Paris, il devient ensuite abbé de Saint-Germain d’Auxerre puis, en 1361, abbé de l’abbaye Saint-Victor de Marseillenewadvent.orgnewadvent.org – c’est là qu’il embrasse pleinement l’idéal bénédictin qu’il portera au pape.


L’abbaye Saint-Victor de Marseille, forteresse de pierres claires où Urbain V fut abbé et où reposent ses reliques. C’est là qu’il puisait son inspiration méditerranéenne et bénédictine.newadvent.orgnewadvent.org

Du monastère au trône papal

À 52 ans, ce moine savant est élu pape le 28 septembre 1362, prenant le nom d’Urbain V “parce que tous les papes qui l’avaient porté avaient été saints”newadvent.org. Son élection suscite l’enthousiasme des humanistes : Pétrarque célèbre même son choix comme l’œuvre de Dieunewadvent.org. Comme pape d’Avignon, Urbain V repart enrichi de l’humilité du cloître : il continuera de porter l’habit de Saint-Benoît jusqu’à ses derniers joursnewadvent.org. Il incarne un pape-érudit (il est docteur en droit depuis 1342) et un diplomate habitué aux cours royales. Immédiatement, il met sa rigueur bénédictine au service de l’Église : il convoque de multiples conciles provinciaux pour rétablir la discipline dans le clergé et assainir l’usage des biens ecclésiastiquesnewadvent.org. Fidèle à son héritage monastique, il refuse tout népotisme (il force son propre père à rembourser une pension indue) et vit en moine sur le trône pontificalnewadvent.orgrdb.mg. La tradition rapporte que jusqu’à son dernier souffle il reste un modèle d’humilité : il exige que son lit mortuaire soit entouré de fidèles « afin que le peuple voie comment meurt le pape »rdb.mg.

Réformes spirituelles et paix en Méditerranée

Urbain V voit son pontificat comme une mission spirituelle : il veut ranimer la ferveur chrétienne. Confronté à la corruption ambiante, il se fait artisan de pureté dans l’Église. Il insiste pour que la vie religieuse soit exemplaire (il soutient les règles des bénédictins, approuve les Brigittines et les Gesuates) et qu’aucune dignité ne soit conférée par favoritismenewadvent.orgnewadvent.org.

Parallèlement, il cherche à cimenter la paix en Europe. Seigneur céleste et fin diplomate, il entend rapprocher les royaumes en guerre : peu avant sa mort, il ordonne de préparer sa visite auprès d’Édouard III d’Angleterre et de Charles V de France en vue de les réconciliernewadvent.org. En 1363, alerté par l’empire ottoman, il prêche une nouvelle croisade et remet solennellement la croix aux rois de France, du Danemark et de Chyprenewadvent.org. Sur le terrain spirituel, il cherche aussi l’unité des chrétiens : il poursuit le rapprochement avec les Grecs orthodoxes, plaidant pour rétablir le lien avec l’Église byzantinetribunechretienne.com. Hélas, ses projets de croisade s’éteignent rapidement faute de soutien (Alexandrie reprend aussitôt aux Croisés en 1365) et la guerre de Cent Ans reprend en 1369, mais Urbain V laisse le souvenir d’un pontife infatigable, prêt au sacrifice pour la paix et la réforme.

Pape des études et de la culture

Fidèle à l’esprit méridional fécond de son temps, Urbain V se signale aussi comme un pape lettré et humaniste. Il voit l’instruction comme un puissant levier de paix et de justice. Sous son règne, de nombreuses universités voient le jour ou sont soutenues : ainsi l’université de Cracovie est fondée en 1364 (pour éviter aux étudiants polonais de voyager jusqu’en France) et celle de Vienne en 1365france-catholique.fr. En France même, il encourage la création d’écoles de droit et de théologie : Orange et Angers reçoivent le titre d’université, et il accorde de vastes privilèges aux universités de Bologne et de Parisfrance-catholique.fr. Il fait également bâtir et financer des « studia » ouverts à tous – riches ou pauvres – comme à Montpellier (où ses plus importantes fondations universitaires verront le jour) ou à Trets en Provencenewadvent.org. En somme, sous l’impulsion d’Urbain V l’Occident connaît une sorte de renaissance intellectuelle : Pétrarque lui-même note que le midi de la France est alors « un foyer de lumière où les arts et les lettres s’épanouissent » sous les papes d’Avignonfrance-catholique.fr.

De Rome à Avignon : un rêve inachevé

Le rêve méditerranéen d’Urbain V est de ramener les papes à Rome. En 1367, après avoir confié le pouvoir à son légat Charles d’Albert d’Ailly (Albornoz), il s’embarque à Marseille pour Rome : l’arrivée du pape entraîne dans la ville éternelle un véritable triomphe religieux. Urbain entreprend aussitôt de remettre en état les vieux bâtiments pontificaux et de redonner vie aux basiliques antiquesnewadvent.org. Les archives rapportent qu’il fait ouvrir les greniers du Vatican, distribue du blé aux pauvres et fait travailler les chômeurs aux jardins du palais pontifical, « afin qu’ils puissent célébrer leur salut »newadvent.org. Son séjour romain (jusqu’en octobre 1370) est salué comme un grand événement pieux. Mais la mort d’Albornoz et les révoltes italiennes rendent sa position précaire. En outre, le retour de la guerre entre Français et Anglais ravive son ardent désir de paix. Finalement, contraint par les puissances (et même par une vision de sainte Brigitte lui prédisant la mort s’il reste à Avignon), Urbain V repart pour la France en 1370newadvent.org.

De fait, le pape ne survit que quelques jours à son retour en Provence : il meurt à Avignon le 19 décembre 1370. Fidèle à son vœu, son corps est d’abord inhumé dans la cathédrale Notre-Dame des Doms à Avignon, puis transféré à l’abbaye Saint-Victor de Marseille (lieu qu’il avait tant aimé)newadvent.org. Son tombeau – sur les hauteurs marseillaises face à la mer – devient aussitôt un lieu de pèlerinage populaire.

Sainteté et humilité exemplaires

Tout au long de sa vie et de son pontificat, Urbain V se montre d’une piété inébranlable et d’une humilité hors du commun. Ses biographes insistent sur son amour des pratiques monastiques : même en pape, il jeûne fréquemment, se lève pour la messe nocturne et prie sans relâcherdb.mg. Il vit très simplement (sa vie privée « était celle d’un moine »newadvent.org) et reste toujours disponible pour les plus démunis. Ainsi à son décès, il résume tout haut son idéal : qu’on voie qu’« un pape peut mourir comme un bon chrétien ». Ses contemporains le surnomment d’ailleurs volontiers le « pape de sainteté et d’érudition »tribunechretienne.com.


Portrait d’Urbain V en pape bénédictin (d’après un tableau du XIVᵉ siècle). Les traits sévères du pontife et les saintes reliques qu’il porte symbolisent sa double mission de chef d’Église instruit et de pèlerin humble.

Miracles et culte populaire

La sainteté d’Urbain V ne cesse de rayonner après sa mort. De nombreux fidèles rapportent que des miracles se produisent sur son tombeau. Dès les premières années, des guérisons inexpliquées ont lieu à l’abbaye Saint-Victor, confirmant la vénération populaire pour le bienheureuxfrance-catholique.fr. Ce culte des premiers temps se perpétue jusqu’à aujourd’hui : l’Association des Amis du Bienheureux Urbain V (fondée en Lozère) recueille encore les récits de grâces et de guérisons obtenues par son intercessionfrance-catholique.fr. Un saint susceptible d’intercéder auprès du ciel, en somme – et un candidat à la canonisation naturellement.

Béatification en 1870 – et canonisation toujours en suspens

Il faudra pourtant attendre plus de cinq siècles pour que Rome reconnaisse officiellement son culte. Le pape Pie IX approuve son culte (sa « béatification ») le 10 mars 1870tribunechretienne.comnewadvent.org, honorant ainsi ce pontife venu « du Midi » comme modèle de sainteté pastorale. D’aucuns soulignent que seul Urbain V est un pape d’Avignon béatifié – à la fois gage d’une profonde spiritualité et indice du retard pris par son procès de sainteté.

Au fond, la cause de sa canonisation fut bloquée par l’Histoire. Dès 1375 le roi de Danemark Waldemar IV avait demandé à Grégoire XI de faire d’Urbain V un saint, mais le Grand Schisme d’Occident éclatant peu après mit fin à cette entreprisefrance-catholique.fr. Les pires tourmentes ecclésiales du XIVᵉ siècle ont jeté l’oubli sur son dossier de sainteté. Aujourd’hui pourtant, son procès en canonisation est relancé avec ferveur par l’Association des Amis du Bienheureux Urbain V, soutenue par les évêques de Mende, d’Avignon, de Marseille et d’autres diocèsesfrance-catholique.fr. Il suffit désormais d’un second miracle dû à son intercession pour qu’enfin la terre l’assume officiellement comme saint.

Conclusion – Et si c’était pour notre temps ?

Le profil d’Urbain V – ce moine-pope énergique, éduqué et humble – semble nous parler à travers les siècles. À une époque où le monde aspire encore à des pères spirituels sincères, sa fidélité aux idéaux bénédictins et son zèle pour la paix ont quelque chose de résolument contemporain. Et si sa sainteté attendue n’était pas qu’un hommage au passé ? Peut-être cet homme né sous les rochers de Lozère, qui emmena un jour la lumière du Midi jusqu’à Rome, est-il encore appelé à inspirer notre temps.

Sources : Notice biographique et historique d’Urbain Vnewadvent.orgnewadvent.orgnewadvent.org, articles spécialisés et sites catholiques récentstribunechretienne.comfrance-catholique.frfrance-catholique.frfrance-catholique.fr (voir en particulier la documentation du Pape Urbain V).

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